Interview d'un expert reconnu en économie sur l'inflation

Un expert reconnu en économie délivre sa vision des finances françaises et de sa gestion, suite à l’inflation. Il décrypte pourquoi la France a un statut de privilégiée face à cette crise sans précédent. L’expert nous donnera quelques hypothétiques solutions pour essayer d’endiguer cette période difficile. 


Est ce que cette inflation n'est pas seulement une conséquence de la crise ukrainienne mais également de la crise du covid ? 


Oui, cette crise a commencé avant la guerre en Ukraine, la crise de la covid a rompu quelques chaînes de valeurs. Elle a allongé les délais des livraisons de matières premières et autres composants. Le commerce avec la Chine n’a pas repris comme escompté avec la fin de la crise sanitaire. Mais maintenant cet élément du commerce avec la Chine est devenu secondaire depuis le début de la guerre en Ukraine. 



Comment expliquez-vous que la France ait réussi à maintenir, pour le moment, une inflation moins élevée que chez ses voisins ? 


C’est très simple, l’État dépense l’argent public pour que le consommateur ne ressente que très peu l’inflation. Le déploiement du bouclier tarifaire sert uniquement à ça. Le chiffre s’élève à 110 Mds d’euros pour les trois années précédentes. On voit nettement que la France est moins impactée que ses voisins européens. Pour vous donner un ordre d’idée, le prix de l’énergie en Europe a pris 40% d’augmentation, alors que pour nous, cela a pris 20%. Tout cela a un prix, celui de laisser une dette de plus en plus importante aux futures générations. Cela impactera au moins les  deux générations futures. 



Le FMI a recommandé à la France de mettre fin au “quoi qu'il en coûte”, pensez-vous que cette mesure était réellement viable dans le temps ? 


Ah non, la France voit sa dette publique augmenter de façon considérable, avec plus de quinze points de PIB pendant la crise covid. Le “quoi qu’il en coûte” et le bouclier tarifaire c’est 100 milliards d’euros d’aides, cela représente quatre points de PIB qui sont finalement ajoutés dans la dette française. Le problème c'est que tôt ou tard nous devrons rembourser, et ça limitera les capacités d’actions des futurs gouvernements. Ensuite la charge de la dette augmentera et avoir une dette touchant les 120 points du PIB pour la fin de l’année 2023 c’est considérable. Les 100 milliards d’euros représentent le budget annuel de l’Education Nationale et de la Défense. Alors à la fin on serre les budgets de ces deux ministères pour pouvoir “s’acheter” la paix sociale. C’est un choix lourd. 

Et il n’y a pas que le FMI qui alerte la France sur son programme, les Banques Centrales font de même, notamment la BCE. Car il y a aussi le risque d’une défiance des marchés en France comme ce qu’il se passe en ce moment en Italie. Et même si nous avons l’inflation la plus faible de la zone euro, au moment où on retire ces politiques d’aides on aura une des inflations les plus fortes de cette zone. 

On ne fait que reporter à demain une inflation qu’on aurait dû avoir aujourd'hui. 



Pour tenter d'atténuer cette crise pensez vous qu'il faut aller vers une solution à l'échelle européenne ou mondiale ?


C’est plus une solution occidentale que mondiale, car la Chine ou l’Inde n’y sont pas, mais cela représente quand même près du tiers de l’humanité. 

Et bien sûr, il y a bien une prise en charge européenne pour des achats groupés d’une part et deuxièmement pour un plafonnement des prix de l’énergie acheté à d’autres pays. Cette solution européenne nous permet d’augmenter notre pouvoir de négociation dans le monde et d’avoir un impact sur les prix. L’alliance européenne est une bonne chose avec, notamment, la fin des réticences de la Hongrie depuis quelques jours.


                                                                                                        Interview réalisée le 16/12/2022

                                                                                                                                   Par Alexandre Notte


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